DESIGN + ART, REAPPROPRIATION
BIG-GAME, KASPAR HAMACHER, TOBIAS SCHÄFER, MARTIN HYDE, CHRISTOPHE LAMBERT, CHRISTIAN PAUCHON
Exposition du 4 avril au 31 mai 2014.
La réappropriation est l’acte postmoderne par excellence, que ce soit la réinterprétation, le recyclage, le remix, la citation, le détournement, elle est partout et embrasse toutes productions.
L’exposition propose un aperçu des pratiques contemporaines de réappropriation en art et en design. En effet, le phénomène est parfaitement interdisciplinaire et se joue souvent des frontières de genre.
Pour l’exposition REAPPROPRIATION, le célèbre trio de designers BIG-GAME, fondé en 2004 sur les bancs de l’ECAL par Grégoire Jeanmonod (CH), Elric Petit (B) et Augustin Scott de Martinville (F), présente entre autres les pièces de la collection READY MADE exposée en 2008 au musée du Grand Hornu, mais encore inédite en galerie. La série WATER TOWER par exemple s’inspire de châteaux d’eau existants pour en faire des vases en céramique. Ainsi la fonction des deux objets, à l’échelle aussi différente que leur finalité, opère un rapprochement insolite.
La mangeoire à oiseaux BIRD PLATE propose de partager ses miettes avec les oiseaux dans la même assiette. Véritable ready-made, la petite mangeoire à la forme typique de maison intègre une assiette Villeroy & Boch pouvant passer directement du repas humain à celui des oiseaux.
BIG-GAME qui collabore avec de nombreuses entreprises telles que Alessi, Karimoku New Standard, Hay, ou la galerie Kreo a développé un style inimitable et ludique.
Certains objets du studio lausannois, à la fois conceptuels, drôles et esthétiques abordent une réappropriation formelle souvent proche d’une distance critique ou humoristique présente en art contemporain. Un langage qui se traduit parfois dans des œuvres d’art minimalistes à l’instar de BLUR, présenté au Salone internationale del Mobile de Milan en 2009, série de 4 petites tables uniques, entre sculpture et socle, dont le motif sérigraphié s’inspire des trames d’impression notamment celle des dégradés pare-soleil visibles sur les vitres des voitures.
Le recyclage contemporain, loin des ready-mades radicaux d’un Duchamp, interroge notre rapport entre le nouveau et l’ancien, comme le démontre une volonté de revalorisation du désuet ou de l’antique.
Tobias Schäfer (D, *1976), avec qui la galerie a initié son programme de design contemporain, est au cœur de ces pratiques. Ses pièces uniques entre mobilier et installation, confrontent les matériaux, neuf vs occasion, autant que les formes. La série de tables ASIDETABLEOBJECT combine une base en MDF laqué de forme polygonale, construction fétiche et obsessionnelle du designer, avec un plateau en bois récupéré sur des tables vintage. L’objet parfaitement multifonctionnel peut être utilisé comme table basse ou comme sculpture selon sa position.
L’exposition est également l’occasion de découvrir une nouvelle série de miroirs combinant cuivre et assemblage de pièces en bois empruntées à différents meubles anciens.
Tobias Schäfer formé à l’art visuel aux Akademie der bildende Künste de Karlsruhe et de Stuttgart représente une position toute contemporaine d’un design de galerie qui se développe en marge des marques.
Diplômé en 2008 de l’Academie Beeldende Kunsten de Maastricht, Kaspar Hamacher (B,*1981) a également suivi la voie du design artistique, dans une approche purement artisanale en lien avec la nature. Il se définit d’ailleurs plus volontiers comme un artisan que comme un designer.
Le matériau de prédilection de Kaspar Hamacher est le bois, qu’il façonne de manière individuelle, parfois en pleine nature comme pour AUSGEBRANNT, une série de tables, assises, bancs en bois brûlé, dont la galerie présente les nouvelles pièces. Dans ce travail, il récupère le matériau dans sa forme la plus intacte, le tronc d’arbre, et le sculpte par le feu, non pas au chalumeau, mais dans la forêt au feu de bois. Ce processus créatif conserve l’origine brute du bois tout en l’investissant d’une âme narrative et poétique. Kaspar Hamacher transpose une nature presque sauvage dans l’espace domestique.
La récupération est également une problématique culturelle à l’heure de la mondialisation.
La série CHINA MIX de l’artiste veveysan Christian Pauchon (*1972), diplômé de l’ECAL en art visuel en 1999, part du constat que la plupart des souvenirs « locaux » ou « ethnographiques » vendus dans les lieux touristiques du monde entier, sont en réalité d’origine chinoise. L’artiste a ainsi collecté éléphants africains, Bouddhas, bouquetins suisses, indiens Sioux, etc. provenant tous de la même usine chinoise et les a morcelés, modifiés puis assemblés en sculptures uniques, afin de produire ce qu’il appelle des objets ethnographiques incohérents. Autrement dit des chimères fantastiques issues du melting pot culturel à la mode chinoise.
Bien que tout à fait décoratifs, ces objets ne manquent pas de soulever un certain malaise face à des cultures locales visiblement vidées de contenu et conservées artificiellement pour l’industrie du tourisme.
La collaboration de la galerie avec l’artiste canadien Martin Hyde (*1975), diplômé en 2007 de la Villa Arsonde Nice et en 2008 d’un postgrade à la HEAD de Genève a débuté avec l’exposition CERAMIQUE 1 en 2013.
Ses nouveaux vases de la série de porcelaine TRUE BLUE inspirées du style Ming ou de Delft, détournent les motifs ornementaux traditionnels et les transforment en orgies pop matinées de Mickey Mouse, de héros de comics américains et d’imagerie chevaleresque.
Martin Hyde se réapproprie également la mythologie chrétienne en reproduisant à sa façon des peintures de la Renaissance. Ainsi dans les dessins CARROT, le protagoniste est une carotte qui remplace Jésus dans les scènes bibliques et apparaît dans des scènes érotiques inspirées de comics. Au fil des dessins, à l’aide du filtre citationnel, se profile une relecture phallique des mythes de la chrétienté.
L’artiste biennois Christophe Lambert (*1970) a une approche similaire, en effet il se sert indistinctement des personnages de Disney que des symboles de la musique métal et des films d’horreur qu’il recontextualise dans son propre univers. La réalité et la fiction opèrent dans ses peintures et collages des allez-retours troublants de sorte que les symboles qu’il récupère deviennent de la matière propre à être modifié et connecté librement.
L’exposition est également l’occasion de redécouvrir certaines pièces de la collection de la galerie notamment le tabouret ECAL GRADIENT YELLOW de Nicolas Le Moigne, où le designer customise sa propre production en série (Eternit).
BIOGRAPHIES
BIG-GAME, fondé en 2004 sur les bancs de l’ECAL par Grégoire Jeanmonod (CH), Elric Petit (B) et Augustin Scott de Martinville (F).
Le studio basé à Lausanne collabore avec de nombreuses entreprises telles que Alessi, Karimoku New Standard, Hay, ou la galerie Kreo.
Lauréat du prix fédéral du design suisse en 2006 et en 2010, du iF design award ainsi que du Wallpaper design award, BIG-GAME intègre les collections des plus grands musées internationaux, comme celle du Museum fur Gestaltung (CH), du Musée du Grand-Hornu (B), du Centre Georges Pompidou (F), du Fonds National d’Art Contemporain (F) ainsi que du MoMA (USA).
Tobias Schäfer (D, *1976), diplômé de la staatlische Akademie der bildende Künste de Karlsruhe en 2008 (sculpture dans l’atelier de John Bock) et de Stuttgart en 2010. Il vit et travaille à Karlsruhe.
Il devient directeur artistique du ehem. Kulturhaus de Zeißholz (D) et enseignant en art visuel avant d’ouvrir en 2011 son studio de design.
Son travail est exposé régulièrement en Europe, principalement Allemagne et en Suisse, notamment à la galerie Kissthedesign où il a ouvert en 2012 le programme de design contemporain, à Depot Basel, Tent, Londres, Design Days, Renens et Genève, Dok#1, Aalberg (D), Liste, Bâle, etc.
Kaspar Hamacher (B, *1981), diplômé en 2008 de l’Academie Beeldende Kunsten de Maastricht. Il vit et travaille à Eupen en Belgique.
Son travail a souvent été exposé, entre autres, au Salone internationale del Mobile de Milan (Satelite, Ventura Lambrate, etc) Dutch Design Week, Eindhoven, Depot Basel, Design Vlaanderen Gallery Brussels, MUBE Sao Paolo, etc et a été récompensé au Dynamo Design Award Brussels en 2008 et au Henry Van der Velde Award en 2012. En 2013, il est mandaté pour produire le cadeau au roi Albert II.
Christian Pauchon (Vevey, *1972), diplômé de l’ECAL en art visuel en 1999, actuellement en master Arts in public sphere à l’ECAV de Sierre.
Il vit et travaille à Vevey où il partage son activité entre production artistique, design et musique.
Son travail a été exposé entre autres aux Design Days de Genève, Festival Images, Vevey, Governors Island Art Fair, New York, Musée de L’Elysée, Lausanne, etc.
Martin Hyde (CA, *1975), diplômé en 2007 de la Villa Arson, Ecole nationale supérieure des beaux arts de Nice et en 2008 d’un postgrade à la HEAD de Genève. Il vit et travaille en France
Sa production artistique, qui s’étend de la vidéo à l’objet en passant par l’installation et la peinture, est régulièrement exposée en Suisse et en France, notamment à la galerie Kissthedesign, FRAC Languedoc Roussillon, Yet Projects, Genève, etc.
Christophe Lambert (La Chaux-de-Fonds, *1970), vit et travaille comme artiste à Bienne.
Fort d’une expérience artistique de plus de 10 ans, Christophe Lambert a été exposé internationalement entre autres à la galerie Kissthedesign (2010 et 2013), Galerie Daeppen, Bâle, au centre PasquART, Bienne, Lokal Int, Bienne, Berliner Liste, Scope, Bâle, Thinkspace Art Gallery, Los Angeles, Basta, Lausanne, Kunst Hal Rotterdam, etc. ainsi que souvent récompensé (bourse de la ville de Bienne, fondation Anderfuhren, etc).
Il est également membre de la commission des Beaux-Arts de la ville de Bienne depuis 2009.