Michael Rampa & Florian Javet, Le sillage de la torpeur
Exposition du 22 mars au 4 mai 2013
Michael Rampa et Florian Javet ont initié une collaboration en 2011 avec une série de dessins réalisés à quatre mains, où à tour de rôle ils tracent sur le papier des fragments qui se frottent, s’affrontent, se lient ou se superposent.
Pour Kissthedesign ils réitèrent l’expérience avec 132 nouveaux dessins.
Les deux artistes proposent une appropriation inédite de l’espace de la galerie, autant par son architecture que son lien avec l’histoire du design. En effet les dessins occupent l’intégralité du mur central de la galerie selon un quadrillage emblématique tant de la grille moderniste que du carroyage archéologique. Mais l’utopie rationalisante de la maîtrise du réel par l’assemblage de ses parties est ici mise à mal par le contenu des dessins réalisés de manière organique et sans protocole contraignant. L’insaisissable organisation de la nature et de la trace perceptive se révèle irréductible à un système orthogonal.
La démarche des deux artistes est imprégnée d’un intérêt pour les modes de restitution de la réalité par les procédés optiques et mécaniques (photo, cinéma, scanner, etc). Le cadrage ainsi que la définition, haute ou basse, sont omniprésents dans leurs compositions. Il existe toujours un hors champ, un au-delà de la vision, leur dessins ressemblent à des traces tantôt rétinienne tantôt mémorielle, jamais figées, jamais réellement fidèles. En cela les pratiques individuelles de Michael Rampa et de Florian Javet semblent fusionner. Quand le premier inclut formellement le vide et intègre la reproduction à basse résolution d’une expérience, le second appuie cette temporalité avec une production en oscillation perpétuelle entre construction et destruction, impliquant un potentiel de modifications infinies.
Dans l’installation à la galerie Kissthedesign on assiste à une contamination de l’espace par les éléments constitutifs des dessins, le hors champ s’étend du papier au cadre de la pièce, l’expérience perceptive déficiente est transposée sur la réception de l’œuvre et les jeux de reproduction lacunaire et d’échelle s’insèrent dans l’ensemble du dispositif.
En effet, la hauteur du mur, atteignant plus de 4 mètre, contrarie la réception d’une partie importante des œuvres. Celles-ci étant situées en haut du mur, elles ne peuvent être vu qu’imparfaitement, trop petites, déformées ou floues à cause de la distance et des effets de perspective. Ainsi se pose la question de la reproduction plus ou moins fidèle de la réalité ou de l’œuvre, car un livre est mis à disposition du visiteur qui lui permet de voir des reproductions en haute définition des dessins hors de vue sur le mur. Mais le livre propose la symétrie inversée de l’installation in situ, car à mesure que la perception de l’œuvre originale s’améliore, celle de sa reproduction se détériore.
Des exemplaires du livre, édité par Art&Fiction, Lausanne seront disponibles à la galerie durant l’exposition
Le projet artistique de Michael Rampa et Florian Javet pour Kissthedesign propose la reproduction d’une expérience par boucles successives: de l’original, la nature, à l’impression, le dessin de la trace mémorielle et la photocopie basse définition du « réel ».
BIOGRAPHIE
Florian Javet *1976 à Vevey. Diplômé en 2002 en arts visuels à l’Ecole Cantonale d’Art de Lausanne (ECAL), il vit et travaille à Lausanne
Dans son travail, oscillant entre installations in situ, mises en place d’objets bricolés, peintures molles et dessins à l’encre noire, Florian Javet s’applique à remettre en scène les mécanismes de la représentation, en les brouillant systématiquement. Ses méthodes relèvent autant de l’art du postiche que de celui du pastiche.
Florian Javet a été exposé régulièrement en Suisse et en France, notamment, au musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne, à Circuit, Lausanne, Swiss Art Award, Bâle, La Placette, Lausanne, Duplex, Genève, Le Kiosk/images, Paris, Espace Curtat, Lausanne, Esther Eppstein, Zürich, le Merle Moqueur, Paris, etc.
Lauréat de la bourse culturelle de la fondation Leenaards (2012), le prix de la fondation Alice Bailly (2011) et Ernest Manganel (2002), il bénéficie également de l’Atelier Vaudois du 700e à la Cité des Arts de Paris en 2006.
Il a publié deux livres de dessins, Mice Pack (éditions Boabook 2010) et Doublure (éditions Ripopée 2011).
Michael Rampa *1977 à Château-d’Oex. Peintre et dessinateur autodidacte, il vit et travaille à Lausanne.
Michael Rampa s’amuse à imaginer des espaces, au sein desquels apparaissent des figures sans doute égarées. L’aspect sommaire, la sensation de collage ou les incohérences spatiales sont des accidents involontaires, accueillis toutefois avec curiosité dans la recherche d’une tension particulière entre picturalité, narration et image.
Le travail de Michael Rampa a été exposé à maintes reprises en Suisse et en France notamment, au musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne, Centre Culturel Suisse, Paris, Standard DeLuxe, Lausanne, Swiss Art Award, Bâle, Espace Arlaud, Lausanne, M.I.P.E, Saint-Malo (F), Pictobello, Vevey, Kunstweg in Wabern bei Bern, etc.
En 2011, il est lauréat de la bourse de la Fondation Leenaards, Lausanne et en 2007, d’un prix fédéral d’art.
Il participe régulièrement à des publications d’art, entre autres, aux éditions Art&Fiction de Lausanne